OSVALDO FRESEDO
El Pibe de la Paternal


Osvaldo Fresedo

"J'ai toujours suivi ma ligne directrice : une musique à la mélodie propre, pleine de nuances, l'équilibre bandonéons-violons… Je veux toucher les gens avec la mélodie, les toucher en plein coeur, mais avec délicatesse. [...] La première chose que je fais, c'est convaincre chacun des musiciens afin qu'ils ressentent vraiment ce qu'ils vont jouer."

Osvaldo FRESEDO (05/05/1897 - 18/11/1984) - Bandonéoniste, chef d'orchestre et compositeur (~1200 enregistrements)

Gregory Diaz
2012-09-01
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OSVALDO FRESEDO
El Pibe de la Paternal

Dans un article précédent, il était question de Carlos Di Sarli. Je vous propose ici de remonter aux origines et de découvrir Osvaldo Fresedo (El Pibe de la Paternal), bandonéoniste, compositeur, chef d'orchestre et arrangeur.
Le jeune Osvaldo était censé faire du commerce. Heureusement pour cet article, il se passionne pour la musique et le bandonéon en assistant à un concert dans un petit bar de Buenos Aires, sur Chorroarin et Triunvirato. "J'ai appris bien plus tard que le guitariste était Domingo Salerno, le bandonéoniste Augusto Berto et le violoniste Francisco Canaro". A défaut de pouvoir s'acheter son instrument favori, il commence avec une concertina - sorte de mini-bandonéon avec une vingtaine de notes de chaque coté - et forme un trio avec son frère Emilio au violon et Martin Barreto à la guitare. Malgré les espoirs de son père, il sèche ses cours au profit de la musique, et une fois la somme de 60 pesos réunie (rien que ça!), il s'achète enfin son premier bandonéon. C'est ainsi que débute la carrière impressionnante d'Osvaldo Fresedo qui enregistre environ 1200 titres.

1914 - El espiante

Vers 1914, Osvaldo Fresedo compose son 1er Tango : El Espiante, dont les premières notes sont inspirées par les sirènes de police qui interrompent régulièrement ses études de bandonéon. Ce tango est joué pour la 1ere fois au café "La Oración" par l'orchestre d'Augusto Berto. Avec le temps, les tangos de Fresedo sont devenus des classiques.

1924 - El once

En 1924, El Once ! Chaque année, les internes de l'hôpital organisaient un bal et faisaient venir un orchestre pour jouer un tango dédié à cette occasion. Lors de la 6ème édition, ils font appel à Fresedo qui compose alors El Sexto. Le jour du 11ème et dernier bal, ils font revenir Fresedo qui compose alors le tango El Once.

1927 - 1 Maestro, 4 Orchestres!

Dans les années 20, Osvaldo Fresedo est une des figures les plus importantes dans le panorama tanguéro (avec entre autres Julio De Caro). Il est très demandé y compris dans le quartier nord aristocratique. En 1927, son succès est tel, que pour satisfaire la demande, il créé 4 orchestres : le principal (avec Fresedo) jouait au Ta-Ba-Ris et à radio LR9. Le second était dirigé par Di Sarli. Le troisième, avec Alfonso Lacueva, jouait au "Bar Fresedo" et le dernier était mené par le pianiste Nicolás Vaccaro.

1933 - Les années 30

1933, après quelques voyages à Paris et New York et suite à la fermeture du label Brunswick, Fresedo enregistre chez RCA Victor : El Espiante, Araca la Cana (1933, et interprété dans le film Los Tres Beretines), Tigre Viejo (1934), avec un rythme soutenu, typique du début des années 30. On retrouve le style du maître - plus romantiques et langoureux - dans Vida Mia (1933) composé par Osvaldo et écrit par son frère Emilio Fresedo. La voix de Roberto Ray est probablement celle qui s'adapte le mieux à l'orchestre, en particulier dans Canto de Amor (1934) : Ves, la linda luna que al mirar, vio que molestaba con su luz, y a su cara la cubrió con un tul, blanca nube que nos deja besar.

1939 - Avec Ricardo Ruiz

En 1939, Ricardo Ruiz remplace Roberto Ray et partage sa place de chanteur avec Carlos Mayel puis Carlos Roldán. En plein âge d'or, le style de Fresedo continue d'évoluer tout en conservant ses caractéristiques. Les tangos sont de plus en plus élaborés, avec une légère accélération de tempo jusqu'en 41-42 : Volverás, Si no me Engaña el Corazón (1939), Alas (1940), Buscándote (1941).

1942 - Un nouveau départ

1942, les musiciens et Ricardo Ruiz quittent Fresedo pour former la "Orquesta Típica Argentina" qui poursuit dans le même style musical. Mais Osvaldo ne tarde pas à reconstituer un orchestre de qualité, avec Oscar Serpa au chant et un des meilleurs violonistes : Elvino Vardaro. Voici quelques Tangos exemples de cette période : Gitana Rusa, Te Llama mi Violín (1942), Naná (1944)...

1945 - Rendez-vous

Au milieu des années 40, Fresedo inaugure "Rendez-Vous", son propre club, et réduit ses interventions dans les autres cabarets. En 1947, Oscar Serpa se retire et laisse sa place à Osvaldo Cordó et Roberto Ray : Y la Perdí (1948), Tu Piel de Jazmín (1950).

1950 - Les années 50

Dès 1950, Fresedo passe chez Columbia et se succèdent alors Armando Garrido et Hector Pacheco, entre autres excellent chanteurs. Fresedo enregistre aussi en live quatre véritables perles avec le très célèbre trompettiste et jazzman Dizzy Gillespie: Vida Mía, Adiós Muchachos, Preludio n°3, Capricho de Amor.

Osvaldo Fresedo continue d'enregistrer jusqu'en 1980 et réalise ainsi plus de 60 années de Tango sans interruption. Il décède à l'âge de 87 ans.

La defense des droits d'auteurs

En plus des nombreuses représentations et des enregistrements studios, Osvaldo Fresedo a contribué à la défense des droits d'auteurs en tant que président de l'association argentine des auteurs et compositeurs. Il fusionne en 1936 avec El Círculo de Autores y Compositores de Música dirigée par Francisco Canaro, pour créer la SADAIC (équivalent de la SACEM en France). Il défend également les interprètes en créant la Corporación Musical Argentina.

Analyse du style d'Osvaldo Fresedo

Le style d'Osvaldo Fresedo se différencie très clairement grâce à son timbre et aux instruments particuliers qu'il utilise. A l'heure où le Tango était la musique populaire des quartiers, Fresedo a conquis les hautes classes sociales avec son style propre, romantique et délicat. Les violons étaient mis en avant, assis devant les bandonéons (habituellement c'est l'inverse). " Moi qui suis bandonéoniste, j'ai toujours rempli la scène de cordes. " L'orchestre d'Osvaldo Fresedo s'adapte parfaitement au Tango Salón et compose avec une sonorité avant-gardiste et des instruments atypiques pour le genre musical. Le vibraphone s'intègre parfaitement à l'ensemble orchestral et ponctue les fins de phrases en laissant planer quelques notes (comme peut aussi le faire Carlos Di Sarli au piano) ; l'idée est ensuite reprise par Florindo Sassone. Il y a également la batterie, utilisée sans excès dans certains passages clés ou pour marquer le compás. Enfin, les arpèges à la harpe - la touche féminine - invite au romantisme et à l'imaginaire. Comme pour Di Sarli, les solos d'instrument sont très rares : "Ce qui est magique, ce n'est pas la virtuosité utile aux solistes, mais l'ensemble de l'orchestre qui atteint l'âme d'une personne."

Astuce pour reconnaître Fresedo en milonga

Pour reconnaître Osvaldo Fresedo en milonga, il suffit de repérer:

  • Les instruments inhabituels : harpe, vibraphone, batterie.
  • Son style langoureux, romantique, délicat.
  • Les violons et la mélodie au premier plan.
  • La rareté des solos au profit de l'ensemble orchestral.
  • Son tempo lent, avec généralement 2 accents forts par mesure.

Sinon, quand ça t'évoque un vieux Walt Disney... :-)

Gregory Diaz
2012-09-01
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